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Lutter contre l’austérité : une lutte de tout le monde

Lutter contre l’austérité : une lutte de tout le monde

Nous, Professeures et Professeurs de l’École de travail social de l’Université de Montréal, tenons à manifester notre solidarité avec la dénonciation des politiques d’austérité et leurs conséquences sociales et économiques qui ont conduit à la grève des étudiantes et étudiants de notre École mais également tous les étudiantes et étudiants actuellement en grève au Québec. Nous souhaitons également dénoncer la judiciarisation et la répression actuelle des luttes sociales et invitons l’ensemble de la société à soutenir les étudiantes et étudiants dans la lutte contre l’austérité.

En manifestant contre les politiques du gouvernement Couillard, ces étudiants font preuve d’une grande lucidité et d’une solidarité qui doivent nous inspirer. Leurs revendications dépassent leurs intérêts personnels et nous invitent à réfléchir aux conséquences de ces politiques sur l’ensemble de la population. Ces étudiants pourraient ne réagir qu’aux coupures massives effectuées en éducation de plus de 270 M$, soit 9,7 %, depuis l’année 2012-2013. Elles ont en effet, des impacts majeurs sur notre enseignement, nos stages et nos partenaires de recherche et de formation. Nous devons annuler des cours, augmenter le nombre d’étudiants par classe, nous ne pouvons pas remplacer tous les professeurs qui prennent leur retraite, nous avons de la difficulté à trouver des stages pour tous nos stagiaires, nos finissants-es ont plus de difficulté à se trouver des emplois à leur sortie de l’université, nos organisations partenaires à la recherche et à la formation des milieux de pratique se font couper les vivres et les populations vulnérables, avec et pour qui nous travaillons, se retrouvent sur des listes d’attente de plus en plus longues, et vivent quotidiennement une réduction des services qui leur sont offerts.

 Pourtant, au-delà de ces impacts réels sur leurs situations individuelles, les étudiantes et étudiants ont le courage de se lever pour dénoncer, de manière plus globale, les choix et les décisions actuelles du gouvernement libéral.  L’austérité ne vise pas un secteur ou un autre.  Elle est une approche globale qui a des conséquences pour chacun des citoyens du Québec en cherchant à remettre en cause les choix de solidarité dont les citoyens se sont dotés démocratiquement. Au quotidien, l’austérité et le néo-libéralisme ont des impacts sur les femmes, les enfants, les familles, les personnes âgées et les groupes plus vulnérables.  Et pourtant, personne n’a voté pour cela. Avec une vision individualiste, comptable et médicale, le gouvernement impose des réformes majeures de la santé, des services sociaux, de l’éducation, de la protection et de la solidarité sociale, sans concertation. La prévention, la réduction des inégalités sociales, la promotion d’une égalité des chances pour toutes et tous disparaissent, au profit d’une seule cible, la prospérité de quelques-uns. Ces réformes ouvrent la porte à une radicalisation des processus d’exclusion sociale que d’autres pays ont vécue avant nous et dont les conséquences délétères sur les plans de la santé (i.e. augmentation des taux de dépression et de suicides, aggravation populationnelle des problèmes de santé) et sociales (augmentation de la pauvreté, des conflits sociaux, élargissement des groupes sociaux exclus, etc.) sont largement documentés au point que différents acteurs de l’économie mondiale (FMI, OCDE) s’en préoccupent aujourd’hui. Mais, ces enjeux ne préoccupent pas notre gouvernement qui refuse de mesurer l’impact de ses politiques, et pour qui l’austérité doit s’imposer et être imposée. Les menaces, les intimidations, la répression policière brutale et violente sont devenues les seules réponses d’un gouvernement aux groupes qui s’opposent à ces politiques.

Devant cet état de fait, nous ne pouvons que souligner le courage des étudiantes et étudiants qui se lèvent, manifestent, proposent d’autres voies pour défendre la société de solidarité sociale que nous avons bâtie ensemble. Les rejoindre, c’est défendre le Québec que nous avons voulu et voulons encore.